Rapport Inspection Fédérale des Pipelines
Après avoir réussi à intégrer les exigences techniques relatives à la construction de nouveaux réseaux de transport d’hydrogène dans la directive IFP au début de 2024, le troisième trimestre a vu le lancement d’une nouvelle extension technique avec les acteurs du secteur, relative à la reconversion ou à la réutilisation des réseaux de transport de gaz naturel à haute pression existants. La publication de ces nouvelles exigences techniques est attendue avec confiance pour la fin du premier trimestre 2025.
Table des matières
Contrôle de construction et d’exploitation
Au cours de l’année considérée, l'IPF a pu effectuer avec succès toutes les inspections prévues dans les installations en service: 420 stations et 111 réservoirs ont été contrôlés. En plus des 636 km de conduites, 814 km de lignes ont été inspectés pour vérifier les dispositifs de protection cathodique de base (DPCB). Les inspections de routine ont parfois conduit à des endroits mystérieux, comme le montre la photo ci-dessous d’un obélisque sculpté dans la région de Neuchâtel.
Exercice de la Transitgas SA
Dans un scénario réaliste, la Transitgas SA a organisé une simulation d’intervention impliquant les pompiers volontaires de Wartenfels ainsi que les services de garde de la Transitgas et du GVM. La simulation consistait en un accident survenu pendant des travaux d’entretien réguliers sur un organe de régulation, à la suite d’une manipulation incorrecte, qui a provoqué une fuite de gaz. Le gaz s’est enflammé immédiatement et a blessé deux employés de la Transitgas, l’un légèrement et l’autre gravement. Au moment de l’accident, un mécanicien se trouvait dans la fosse de l’appareil. Il n’a pas pu s’échapper à temps et a été gravement blessé.
Outre la chaîne d’alarme et la demande simulée d’hélicoptère pour évacuer la victime gravement brûlée, la ligne d’information des médias de Transitgas a également été testée. Des appels téléphoniques fictifs de la part de journalistes ont mis le personnel des centres de contrôle sous une pression considérable. Dans des situations de stress, il est extrêmement important d’avoir déjà pratiqué une procédure coordonnée.
D’après le point de vue de l’IFP, l’exercice s’est très bien déroulé, même si quelques enseignements ont été tirés. Mais c’est précisément l’objectif de l’exercice: trouver les faiblesses et adapter et améliorer en permanence les processus
Demandes de permis de construire déposées par des tiers
Au total, 726 demandes de construction ont été traitées au cours de l’année considérée. Comme le montre le tableau ci-dessous, depuis 2017, on a assisté à une légère augmentation, qui s’est quelque peu stabilisée ces dernières années.
Aperçu de toutes les demandes de permis de construire | 2024 | 2023 | 2022 | 2021 | 2020 | 2019 | 2018 | 2017 |
Approuvées | 726 | 727 | 720 | 715 | 671 | 629 | 690 | 629 |
Refusées | 8 | 10 | 7 | 8 | 9 | 6 | 7 | 5 |
Non autorisée | 35 | 35 | 28 | 36 | 23 | 32 | 20 | 23 |
Demandes d’urgence | 25 | 13 | 13 | 18 | 21 | 12 | 17 | 17 |
Non soumises à l’IFP | 15 | 27 | 32 | 20 | 2 | 0 | 0 | 0 |
Bien plus important est le nombre constamment élevé d’activités de construction non autorisées. Les visites périodiques des exploitants de canalisations et de nos inspecteurs sont censées détecter les activités de construction non autorisées. Il est prouvé que les dommages aux canalisations sont en grande partie dus à des activités de construction non autorisées.
Sinistres
Les crues du Rhône du 30 juin 2024 ont provoqué des dégâts et des inondations dans différentes parties du Valais. La conduite de gaz naturel haute pression de la Swissgas SA et de la Gaznat SA a été directement menacée. À Aigle, dans le Bas-Valais, la Gaznat a dû mettre en service une salle de conduite d’urgence après une alerte d’inondation. Cet événement démontre que la mise en place d’une salle de conduite d’urgence ou de remplacement à temps et en état de marche est tout à fait justifiée.
Désengorgement du pont à Chippis (VS)
Le niveau du Rhône a été élevé pendant une longue période à Chippis, tant au niveau du pont routier que du pont ferroviaire. L’inondation et le reflux des eaux ont fait apparaître le tunnel situé sous les ponts. Une fois le Rhône calmé, le canton du Valais a réagi immédiatement en prenant des mesures policières d’urgence: le pont ferroviaire a notamment été démonté à l’aide d’une grue à chenilles de 200 tonnes. Dans une deuxième phase, en cours actuellement, le pont routier existant est relevé de 80 cm et les appuis sont également surélevés. Les mesures de sécurité pour la conduite de gaz haute pression qui passe juste en dessous ont été fixées par l’IFP. Le respect de ces mesures est contrôlé sur place par le gestionnaire Swissgas.
La conduite de gaz haute pression de la vallée du Rhône est de nouveau en service à temps pour l’hiver
Plus en amont, les inondations du Rhône ont également fait des dégâts: près de Mörel, la conduite de gaz naturel haute pression a été déterrée et a dû être immédiatement mise hors service. La fourniture de gaz a été perturbée pour l’ensemble du Valais et d’autres parties de la Suisse occidentale. La société qui exploite la conduite a étudié plusieurs variantes pour rétablir la fourniture de gaz le plus rapidement possible.
Les travaux de consolidation des ouvrages hydrauliques de la conduite exposée ont pu être achevés en cinq mois. Le barrage construit, un rempart de protection composé de blocs de rochers et de gravier, doit protéger la conduite même en cas de nouvelle crue. Après une inspection interne et externe minutieuse de la section de conduite exposée, les dommages et les risques de rupture ont pu être quantifiés de manière à permettre la remise en service temporaire du tunnel le 6 décembre 2024.
Glissement de terrain Lütisburg (SG)
Le 12 août 2024, un glissement de terrain très important s’est produit à Lütisburg dans le canton de Saint-Gall: les débris ont atteint le mur de béton de la Letzistrasse. D’autres glissements ont entraîné l’érosion du béton de fondation, ce qui a mis en danger la conduite de gaz.
À la suite d’une réunion tenue le 9 septembre 2024 avec des représentants de la commune, du géologue (FS Geotechnik), de l’EGO et de l’IFP sur place, la situation a été jugée très critique: un glissement de terrain aurait pu entraîner la rupture complète du tuyau à ses deux extrémités (full-bore rupture). Sur la base de l’article 28 du RLV, l’IFP a ordonné le 11 septembre 2024 l’isolement et la réduction de la pression (décharge jusqu’à une légère surpression) du tronçon concerné entre les SS Haslen et Ganterschwil, ou via la DRM Lütisburg.
Pour réduire le risque, la commune et l’EGO ont mis en place différentes mesures de surveillance et de sécurité pour le pipeline et le sous-sol concerné. Ces mesures ont permis de remettre en service le pipeline à une pression plus faible. Comme cela n’était pas suffisant pour assurer la sécurité de l’approvisionnement, il a fallu organiser parallèlement une fourniture d’urgence à partir de plusieurs installations de vaporisation de GNL.